Sur le motif, Jean Discours

Sur le motif – Jean Discours

L’exposition par le photographe

Paysages naturels ?

La série vise à explorer notre rapport au paysage et la trace que nous y laissons. Les forêts du Massif central sont pour une grande partie des forêts plantées à partir de la moité du XIXème siècle. La trace de l’homme est visible, le visage des parcelles rythme le paysage et la nature le transforme au gré du vent et de la faune qui le traversent.

Une histoire de graphisme

Photographier sur le motif.
Je suis prêt. L’appareil photo est sorti du sac, mon regard chemine dans la pénombre du lever de jour ou du ciel chargé. J’aime être surpris par la lumière. Absente, elle arrive parfois où on ne l’attend pas. Le cadre formé par l’image dans le viseur l’occulte souvent et il faut choisir entre la composition souhaitée et la capture d’une clarté fugace et imprévisible. Ne pas déclencher, attendre les lueurs qui sculpteront le paysage, se résoudre à ne pas faire d’image, rendent la photographie sur le motif exaltante. La forêt sort de l’ombre, elle révèle une écriture insoupçonnée pour l’impatient. Le relief prend formes, traits fins espacés ou resserrés jusqu’à former masse, points éclairés comme piqûres couchées en motifs inattendus. Fayards et sapins rythment une danse séductrice d’occupation de l’espace. Le rideau s’ouvre.

Sur le motif, Jean Discours

La série SUR LE MOTIF

Cela fait dix ans que je me promène dans le massif central, principalement sur ses nombreux plateaux, pour photographier la fin de l’automne lorsque le port des arbres se dénude. À 1000m d’altitude il n’est pas rare que la neige fasse sa première apparition et je guète ces instants éphémères de transformation. Puis l’hiver apporte régulièrement une couche de neige blanche qui épure le paysage. Ce massif fut appelé jadis « la tête chauve de la France », à la suite de vastes défrichements opérés au fil des siècles. Les prélèvements de bois, destinés aussi bien aux besoins de combustible qu’à l’industrie, étaient très importants. Entre la deuxième moitié du XIXème siècle et début du XXème siècle, l’exode rural et l’application du nouveau code forestier ont permis aux forêts survivantes de se reconstituer. Destinés à assurer le renouvellement de la ressource en bois d’oeuvre, ces programmes ont également permis de lutter contre l’érosion et les crues catastophiques comme celle de 1866. Le sapin et le hêtre, essences emblématiques de nos forêts, ne sont arrivées qu’il y a 5000 ans. Les essences plantées aujourd’hui sont parfois plus exotiques.

La série d’images présentée est une interrogation graphique de la nature. Les parcelles sont parfois visibles, les essences plantées repérables, et souvent les transformations de la nature apparaissent. Je fais des portraits d’arbres et de forêts, j’utilise pour cela principalement de longues focales.

Le photographe : Jean Discours

Je suis né à Bagnols-sur-Cèze, dans le Gard, au sud des Cévennes, en 1965. La danse contemporaine a accompagné mon enfance, puis la musique à travers l’étude de la flûte traversière. Mon oreille s’est développée, quelques voyages en Irlande m’ont donné le goût de la transmission orale de la musique.

Je pratique la musique irlandaise avec une approche qui est pour moi nouvelle, écouter comme voir. Amoureux des paysages que je traverse depuis de nombreuses années pour me rafraîchir en été, cueillir quelques framboises ou champignons, je souhaite garder une trace de ces rencontres précieuses, et je les photographie. Après avoir découvert la lumière en Islande et au Groenland, mon travail se concentre aujourd’hui sur des portraits d’arbres et de forêts du Massif Central. J’accorde un soin particulier à la qualité des tirages que je réalise dans mon atelier dans lequel je crée aussi des livres d’artiste.

Site web : www.jeandiscours.net


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