L’exposition par la photographe
Les romantiques ont voué leur vie à saisir tout ce qu’il y avait de plus insaisissable dans la nature. Les lettrés se sont essayés à décrire l’indicible vision de la beauté. Les poètes se sont enivrés de lyrisme pour capter les émotions qui s’échappaient au contact du sauvage. Les peintres ont incarné les divins messagers de l’inexpugnable puissance qui les terrifiait tant. Aujourd’hui, la nature n’est plus la divinité sacralisée de jadis. Nous ne ressentons plus l’écho qu’elle nous offre pourtant. Nous nous refusons d’écouter son murmure, de « réseauner » avec elle. Ce lien perdu, j’ai souhaité le mettre en lumière à travers les fragments de temps qui composent mes images. Dans cette volonté de concilier romantisme, photographie et philosophie, j’invite l’observateur à se questionner sur son rapport à la nature, à soi, afin de le mener à la catharsis et, peut-être, au lien retrouvé.

La photographe : Elodie Imbert

Mon univers artistique a été profondément marqué en 2014 par ma rencontre avec le romantisme, à travers la lecture des Mémoires d’Outre-Tombe de Châteaubriand ; rencontre que j’ai par la suite approfondie dans les dédales des musées et des bibliothèques.
Les romantiques furent parmi les premiers à avoir considéré la nature comme un sujet à part entière, lui faisant retrouver la sacralité que les débuts de l’ère industrielle lui avaient ôtée en la considérant en tant que simple ressource. Elle devient parallèlement un réceptacle tangible aux émotions humaines. Je crois qu’aujourd’hui, plus que jamais, on aurait besoin de faire de cette vision un paradigme.
C’est pourquoi je cherche désormais à susciter une émotion avant de voir la beauté comme finalité à mes images, pour rétablir un sentiment d’appartenance à la nature. Pour cela je tiens à réaliser la majeure partie de mon travail dans un périmètre local, convaincue que la richesse se trouve au seuil même de notre porte et qu’il s’agit de la meilleure façon de s’y reconnecter. Lorsque je ne suis pas en randonnée dans mes montagnes de Haute-Savoie ou en affût dans les forêts du Jura Suisse où je passe une autre partie de ma vie, je consacre bénévolement mon temps aux animaux d’un centre de soin pour la faune sauvage, Erminea. Une manière pour moi de ne jamais oublier la fragilité des écosystèmes que j’arpente.
Site web : https://elodie-imbert.com/